04 octobre 2007
Le Figaro,
" Un effondrement " n'est pas un énième témoignage sur " ma dépression " - pourquoi j'y suis tombé - comment je m\'en suis sorti ". C'est un texte littéraire qui traduit de façon subtile ce que ressent un dépressif au fil des jours qui coulent au compte - gouttes, décolorées, interminables. Ghislaine Dunant décrit ce qui se passe - ou plutôt ce qui ne se passe pas - au moment où le naufrage débute: au bureau, avec les autres qui continuent de 'absorber dans un travail qui échappe à celui sur qui la dépression a jeté son dévolu. A travers la voix de la narratrice, en l'occurrence la jeune fille que l'auteur fut à 23 ans, on a une idée de l'état d'hébétude qui est le sien durant les mois qu'elle passe à la clinique. Le réel est devenu muet, plus rien ne fait écho ni n'a de sens. Elle voit le personnel soignant s'agiter comme s'ils étaient derrière une glace. Jusqu'à l'insensible moment où la remontée s'amorce, lente, si lente qu'on ne comprend pas ce qui fait qu'un jour la vie a retrouvé son goût.
Astrid de Larminat
Le Figaro Littéraire, jeudi 4 octobre 2007